Tuesday, November 20, 2012

I picked this flower for you on the hilltop by Victor Hugo


Vladmir Gusev Art

V.xxiv. "I picked this flower for you on the hilltop…"
Victor Hugo
From Les Contemplations (1856)

I picked this flower for you on the hilltop.
In the steep scarp that overhangs the tide,
Which only eagles know and only they can reach,
Calmly she grew on the rock's creviced side.
Darkness was bathing all the slopes of the bleak promontory.


In the place where the sun was going down,
I could see— as a roseate triumphal
Arch is raised up in some victorious town—
The somber night erecting a portico of clouds.
Some miniature and distant sails sped by;
A few roofs, lit up in the bottom of a hollow,
Looked half afraid to glint and catch the eye.


I picked this flower there for you, my love—
Pale-colored, and the petals have no scent;
Her root could take in nothing, on those mountains,
Except the green weed's acrid effluent.
"Poor flower," I said, "from the height of this summit
You would have passed into that gaping pit
With the massed clouds, the sailing-ships and seaweed.
Die in a gulf even more infinite;
Fade on a heart in which a world is fluttering.


You were to drop your blossoms in the spray:
For Ocean heaven made you; but to Love I send you."
The wind mingled the swell; nothing of day
Was left beyond a vague gleam, slowly vanishing.
Sad indeed were my reveries, sad and stark,
While I stood dreaming there; the whole black chasm
Entered my soul with every chill of dark.

The original poem in French
V.xxiv. "J'ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline…"
Victor Hugo

J'ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline.
Dans l'âpre escarpement qui sur le flot s'incline,
Que l'aigle connaît seul et peut seul approcher,
Paisible, elle croissait aux fentes du rocher.
L'ombre baignait les flancs du morne promontoire:


Je voyais, comme on dresse au lieu d'une victoire
Un grand arc de triomphe éclatant et vermeil,
A l'endroit où s'était englouti le soleil,
La sombre nuit bâtir un porche de nuées.
Des voiles s'enfuyaient, au loin diminuées;
Quelques toits, s'éclairant au fond d'un entonnoir,
Semblaient craindre de luire et de se laisser voir.


J'ai cueilli cette fleur pour toi, ma bien-aimée.
Elle est pâle, et n'a pas de corolle embaumée,
Sa racine n'a pris sur la crête des monts
Que l'amère senteur des glauques goëmons;
Moi, j'ai dit: Pauvre fleur, du haut de cette cime,
Tu devrais t'en aller dans cet immense abîme
Où l'algue et le nuage et les voiles s'en vont.
Va mourir sur un cœur, abîme plus profond.
Fane-toi sur ce sein en qui palpite un monde.


Le ciel, qui te créa pour t'effeuiller dans l'onde,
Te fit pour l'océan, je te donne à l'amour.—
Le vent mêlait les flots; il ne restait du jour
Qu'une vague lueur, lentement effacée.
Oh! comme j'étais triste au fond de ma pensée
Tandis que je songeais, et que le gouffre noir
M'entrait dans l'âme avec tous les frissons de soir!

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